«Pas de taxe anti-rap» : après la polémique sur le streaming, le président du Centre national de la musique répond

« Non à la taxe streaming. Taxe anti-rap. Taxe raciste. Taxe non justifiée. » Le message du très populaire rappeur Niska à ses quelque 5,3 millions d’abonnés sur Twitter et Instagram, repris par d’autres poids lourds et médias hip-hop, fait des remous. C’est la partie visible d’une polémique qui divise depuis cet été l’industrie de la musique autour d’une future taxe visant à financer le Centre national de la musique (CNM), équivalent du CNC pour le cinéma, un établissement public chargé de soutenir toute la filière : artistes, producteurs de spectacles et disquaires.

Lancé en 2020 avec un budget annuel de 50 millions d’euros, le CNM a vu ses dépenses exploser avec les aides liées au Covid-19 alors que, dans la colonne « recettes », la principale taxe sur la billetterie lui rapporte moins qu’avant, en raison de la baisse de l’affluence dans les salles de spectacles.

Le rendement annuel des plates-formes dans l’Hexagone ? 21 millions d’euros

Pour trouver de nouveaux revenus, le Centre et sa tutelle, le ministère de la Culture, réfléchissent à une nouvelle taxe de 1,5 % sur l’ensemble des revenus des abonnements payants sur les plates-formes, dont les principales sont en France Deezer, Spotify et Apple Music. Pour un rendement annuel estimé à 21 millions d’euros.

« Il ne s’agit pas de financer le CNM, qui n’est en rien menacé, précise son président, Jean-Philippe Thiellay, mais des missions de diversité, de transition écologique, d’innovation, de développement international et d’égalité hommes-femmes. Sur ces missions-là, il n’y a pas, comme dans le spectacle vivant, de système où l’aval finance l’amont, où l’écoute de musique contribue au financement. C’est un vrai sujet car on aura un problème de financement de ces missions à partir de 2024, mais cette agitation porte sur des amendements qui ne sont pas poussés par le gouvernement mais par des députés d’opposition (six élus de la Nupes) et qui ont été rejetés vendredi. À l’heure où on se parle, il n’y a donc pas de taxe streaming. Le ministère de la Culture n’a d’ailleurs rien mis dans le Projet de Loi de Finances 2023, car ce n’est pas prêt, ce n’est pas mûr. Nous allons tous nous mettre autour d’une table pour en parler. »

Pourquoi Niska fustige-t-il une taxe anti-rap ? Parce que c’est la musique la plus écoutée en France, tout particulièrement sur les plates-formes de streaming, et qu’elle serait donc la première contributrice de cette taxe alors que le hip-hop n’est pas représenté dans les instances dirigeantes du CNM.

« Nous accuser de racisme, c’est blessant »

« C’est un raccourci biaisé de dire que ce serait une taxe anti-rap, estime d’abord son président, Jean-Philippe Thiellay. Sur le top 10 000 des écoutes, ce genre en représente un quart, pas plus. Et dire que le CNM n’aime pas le rap, c’est faux. Et nous accuser de racisme, c’est blessant. C’est au contraire l’esthétique musicale que l’on aide le plus pour le live, le disque, les clips, le crédit d’impôt, et la deuxième que l’on reçoit en formation… »

Le SNEP (syndicat national de l’édition phonographique), qui réunit les maisons de disques et les plateformes, est contre une taxe sur le streaming, qui représente aujourd’hui 70 % des revenus de la musique enregistrée en France. « Après quinze ans de crise du disque, et alors qu’on est en train de remonter la pente, ce serait une très mauvaise décision, estime le directeur général du SNEP, Alexandre Lash. Il ne faut pas casser la dynamique du streaming. Si on met cette taxe en place, les tarifs des abonnements risquent d’augmenter et de faire fuir le consommateur. »

Le SNEP a proposé d’autres pistes de financement au CNM. « Nous défendons depuis le début l’idée d’une contribution sur la fabrication et la vente de matériels audio, précise Alexandre Lash. Sur mes AirPods, par exemple, rien ne revient à la création musicale. À notre connaissance, ce sont les seuls acteurs qui bénéficient de la création sans payer. On peut aussi aménager une taxe qui existe déjà : la TSV, taxe sur les services vidéo. Pour l’instant ne bénéficie qu’au CNC et YouTube. Des réseaux comme TikTok et Facebook, qui sont gratuits, ne nous payent pas suffisamment… 50 % du temps passé à écouter de la musique en ligne se fait sur des services vidéo et cela ne génère que 10 % des revenus des producteurs et donc des artistes. Mieux vaut mettre à contribution ces acteurs plutôt que ceux qui sont déjà vertueux et reversent déjà 70 % de leurs revenus aux ayants droit. »

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